Né en 1952 à Creutzwald (Moselle)
Vit à Paris

Après avoir fréquenté l'Ecole des Beaux-Arts de Metz, Jean-Luc Vilmouth s'expatrie en Angleterre et rejoint le cercle de la Nouvelle Sculpture Anglaise à l'instar de Tony Cragg ou Bill Woodrow. Jean-Luc Vilmouth travaille par séries. Il se déclare "l'ami des objets" et crée des arrangements divers avec des ustensiles de la vie quotidienne (marteaux, horloges, néons...)

La construction de Jean-Luc Vilmouth s'édifie à la manière d'une pyramide au milieu de laquelle s'intercale un tabouret faisant office de pied de soutien. Le geste d'empilement semble s'apparenter à un jeu d'enfant.

Le matériau utilisé n'est autre que des palettes de transport, objet ô combien ordinaire et purement fonctionnel.

Issus d'un groupe d'artistes intitulé JA-NA-PA (titre emprunté à Antonin Artaud), Jean-Luc Vilmouth débute en investissant des lieux abandonnés et délabrés. Ces oeuvres sont alors des réactions à ces lieux. Plus tard, il focalisera son travail sur l'objet et sa singularité. Sans référence particulière et dégagés de toute sorte de connotations les objets de Jean-Luc Vilmouth sont mis en situation et élargis d'un cadre qui, lui, souligne une métaphore. Ainsi, il entoure un marteau d'un éventail de clous et compose une auréole de fils découpés et colorés autour d'une pince qui "divise" la couleur. S'élaborent ensuite des projets plus précis qui consistent à "déplacer" l'objet, lui faisant dire autre chose que ce qu'il dit intrinsèquement: "il est le même en étant un autre". Vilmouth réalise en fait des habillages formels extérieurs qui "augmentent" le support de l'objet. Se situant légèrement en marge de la sculpture, l'artiste se considère davantage comme un "augmentateur". L'escalier en colimaçon autour d'un palmier niçois illustre parfaitement ses intentions.

L'objet s'avère donc être l'épicentre du travail de Jean-Luc Vilmouth. Le rapport avec celui-ci et sa place dans notre environnement le questionne et détermine son champs d'investigation et d'action.
Pour Construction on s'aperçoit que Vilmouth fait légèrement dévier la trajectoire de ses conceptions précédentes. Le tabouret n'est plus le noyau de l'oeuvre et il semble intervenir davantage comme une béquille surréaliste à l'édifice fragile. L'objet récupère son identité fonctionnelle et s'intègre à l'oeuvre comme élément de remplacement de la matière manquante. Quant au matériau de base, il reste à "usage courant" puisqu'il s'agit de palettes de transport. L'agencement et l'assemblage de la pièce évoquent un jeu d'enfant qui, dans une intention d'empilement ludique (donc de répétition) s'amuse à combler un vide en disposant un ustensile incongru. L'objet déplacé demeure fonctionnel, pratique, mais s'incluant dorénavant dans une élaboration artistique il devient autre chose, il change d'identité. Jean-Luc Vilmouth s'attarde ainsi à démontrer que l'objet devrait être regardé différemment puisqu'il peut collaborer activement à un processus artistique. La science de "l'augmentation" chère à Vilmouth, tente ainsi de générer des intentions poétiques, de faire vaciller le regard du spectateur vers une nouvelle dimension, celle de la pertinence onirique de l'objet.

- objet usuel comme point de départ d'une démarche créatrice
- prolongement, augmentation de l'objet
- déplacement d'un objet ordinaire dans une installation / sculpture

- Jean-Luc Vilmouth , Musée de l'Abbaye Ste Croix, Les Sables d'Olonne, 1984
- J.H. Martin, Jean-Luc Vilmouth, Le bruit des choses, Jacques Damase, Paris, 1986
- Y. Aupetitallot, Jean-Luc Vilmouth, MCC, St Etienne, 1987
- Jean-Luc Vilmouth , ICA, Londres, 1987
- P.H. Parsy, D. Semin, Jean-Luc Vilmouth , MNAM, Paris, 1991