Né en 1956 à
Chalons sur Saône Etudiant, Michel Verjux cumule une licence de sciences économiques et un diplôme des Beaux-Arts obtenu en 1983 à Dijon. Avant de s'installer à Paris et d' opter pour les arts plastiques, il expérimente de nombreux terrains : théatre, performance, poésie. Depuis 1984 il emploie l'éclairage comme vecteur d'exposition. Sa démarche s'inscrit dans une tendance radicale. Verjux prend l'acte d'exposition à contre-pied en se servant de la lumière non pas comme index mais comme sujet même d'exposition. Exposition En six mouvements, Faux Mouvement, 1998 Projecteurs à découpe munis de lampes à iodure métallique |
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Les projecteurs utilisés par Verjux sont semblables à ceux utilisés au théâtre ou au cinéma. Le geste de l'artiste consiste à mettre l'espace d'exposition en lumière suivant une logique narrative précise (introduction, développement, conclusion). Les faisceaux de lumière indexent des endroits particuliers qui révèlent des points de vue distincts de l'espace. La lumière est le matériau de prédilection de Verjux. Les surfaces éclairées constituent les éléments et la matière même de l'exposition qui s'impose comme oeuvre en soi. Le support intègre un élément statique (la surface) mais peut aussi faire intervenir un élément mobile (le spectateur). |
L'itinéraire de Michel Verjux semble se diviser en plusieurs étapes. Ses premiers éclairages, effectués avec des projecteurs diapo, avaient lieu dans des espaces obscurs ou délibérément obscurcis avec interposition-entre l'objet et le mur- d'objets à 3 dimensions (socles, fils à plomb). Ces derniers servaient à découper des formes renvoyant soit à la structure de l'espace d'exposition, soit au faisceau de lumière projetée lui-même. Plus tard Verjux abandonnera ce type de matériel et délaissera l'intervention des objets. La lumière seule investit les lieux d'exposition et s'incarne dans des formes géométriques simples (ronds, carrés, arcs). Il opte plus tard pour les projecteurs de poursuite qui s'avèrent être un moyen spécialement adaptable et en adéquation parfaite avec l'espace qu'ils révèlent. L'artiste les exporte par la suite vers des lieux autres que les galeries. Rue, gare, halte fluviale ont été éclairées de façon à rappeler un indice pour le connaisseur ou l'amateur d'art. Certaines interrogations récurrentes réclament une définition de l'oeuvre. Où se situe t-elle exactement ? Verjux précise qu'elle s'appréhende en trois endroits facilement repérables. L'instrument qui produit les rayons lumineux introduit l'oeuvre qui ensuite se développe sur la surface reçevant l'émission de lumière. En guise de conclusion, ou de 3e "endroit" de l'oeuvre, il y a le regard du spectateur qui capte ce phénomène. Ces 3 endroits sont indissociables. Dans l'oeuvre "En six mouvements" on a tout d'abord affaire à ce que l'artiste appelle un "passage obligé" où un projecteur en douche signale le préambule de l'oeuvre et de l'exposition. Au fond de l'espace se dessine une poursuite en angle fragmentée sur 4 plans (rasante, frontale, rasante, frontale). Ces différents endroits indexés révèlent donc l'espace et l'architecture d'un lieu en attestant une démarche effectuée "in situ". Les figures de style composées par Verjux s'établissent en fonction de la composition des éclairages et de leur distribution dans l'espace. Ces éclairages déclinés différemment induisent la narration de l'exposition et de l'oeuvre. Par extension l'artiste aime à préciser qu'il peut s'agir d'une allégorie ou d'une représentation philosophique tel le mythe de la caverne chez Platon. Ainsi le visiteur qui s'attarde et qui passe dans le champ du projecteur se retrouve mis en situation au mur, comme exposé à son tour. S'impose alors la notion d'interactivité de l'oeuvre avec l'observateur. Mais au-delà de cette poétique de l'éclairage on aboutit à une remise en jeu globale. En effet, Verjux semble inverser l'acte d'exposition dans le sens où il soustrait l'oeuvre au minimum (voire même en la réduisant à son absence) et agrandit la désignation au maximum. Michel Verjux s'inscrit donc dans un paysage contemporain radical où l'éclairage est conçu à la fois comme un événement, un acte et un signe d'exposition.
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- utilisation de la lumière comme matière - environnement et espace comme support d'exposition (in situ) - interaction avec l'observateur - recherche du minimum suffisant à produire une oeuvre |
- Michel Verjux, ARC-Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, 1985. - Michel Verjux, Morceaux choisis, Cité des sciences et de l'industrie, La Villette, Paris, 1987. - Michel Verjux, Villa Arson, Nice et ARC. Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, 1992. - Michel Verjux, En six mouvements, Faux Mouvement - Metz, 1999. |