FILIP FRANCIS

voir Que d'eau !

 

Né en 1944
Vit à Te Duffel (Belgique)

Artiste belge dont l'oeuvre remonte aux années 70. Dès ses premières performances, la notion d'expérimentation scientifique était au centre de ses préoccupations, avoisinant parfois l'humour, Dada et Fluxus. Depuis 1979 il explore dans ses peintures ce qu'il appelle «le champ de vision périphérique».



 

Oeuvre : Copie de Le bord de mer à Palavas par Courbet (en regardant l'horizon) huile sur toile 39 x 46 cm collection FRAC Franche-Comté.


 



 

OUTIL / GESTE

Que les tableaux soient abstraits ou figuratifs, copiés d'après modèle ou exécutés selon un programme déterminé, il s'agit toujours, en fixant un point, de continuer à peindre jusqu'au bord du champ de vision, là où l'on n'a plus qu'une conscience latérale de ce qui se passe, là où la forme se défait parce que non contrôlée par une perception centrée.





SUPPORT / MATIERE

Huile sur toile



LE CHAMP DE VISION PERIPHERIQUE

La vision du monde pictural selon Filip Francis est une «catastrophe» rétinienne sans précédent ; il faut chercher du côté de Mondrian pour trouver un ordre artistique équivalent, mais fondamentalement antinomique.
Filip Francis bouscule les habitudes concernant notre rapport au monde, à la pérennité de la perception de la réalité ; à contrario d'une peinture qui dépasse les limites physiques du cadre pour gagner en perspectives intellectuelles (mythe des «nouvelles frontières»), il s'intéresse via une procédure d'une simplicité enfantine à connaître une réalité quotidienne hors norme : expériences saugrenues touchant aux limites de la vision, de l'attention et de la conscience.
S'installant au point focal de vision, la rétine, il expérimente une méthode de travail qui ne s'intéresse qu'à un seul point de vision. Proposition surprenante, renforcée par le choix délibéré de ne travailler qu'avec des couleurs primaires. C'est d'abord un carré rouge, peint parfaitement en haut à gauche, puis un deuxième, vert, peint à sa droite et en
dessous, alternant rouge et vert il peint vers la droite et en bas, l'oeil rivé sur le premier carré, s'interdisant de corriger les transformations qui s'opèrent malgré lui ; le travail est confié à ce que perçoit l'oeil en périphérie.



LA CONTRAINTE COMME MOYEN D'EXPERIMENTATION

Il faut adapter progressivement les outils (manches de plus en plus longs) pour peindre à l'autre bout de la toile, sans lâcher un instant cette douleur qui l'envahit, monochrome à cette distance si proche, abstraction lyrique là-bas sur le prisme du cristallin, déclinaison des couleurs primaires, des entrées du point de focalisation.
Peindre, par exemple dans le noir, exclut ainsi, outre les possibilités de cadrage, toute intervention normalisante du goût pour contrôler les formes qui naissent et permet de développer ainsi l'instinct au détriment du tandem, subjectivité / objectivité. Filip Francis décline donc une série de pièces sur différents modes de disruption physique : peindre à deux mains, avec la bouche, les pieds. Cette attitude lui vaudra dans un premier temps l'incompréhension du public (sentiment de canular).



 

DEVELOPPEMENTS POSSIBLES

- le plagiat, la citation
- la contrainte comme procédé d'expérimentation picturale (obscurité, utilisation du champs de vision périphérique, peindre avec les 2 mains, etc)
- adaptation à la contrainte (ex : utilisation d'un manche pour prolonger le bras)