Né en 1944 à Paris
Vit à Paris

Alain Fleischer est un artiste polyvalent, plasticien, photographe, cinéaste reporter de l'art. Ayant la chance de posséder tous les moyens de multilplier les images et les images sur les images, il rend si sensible leur précarité. Alain Fleischer s'attarde à détourner le regard en interposant avec infiniment de malice et d'astuce, un dispositif qui puisse transformer l'histoire originale pour faire naître le doute, l'illusion.

Oeuvre : Mer de Chine, 1986
socle, projecteur diapositive, diapositive, bac (photo), miroir, 3 poissons rouges
dimensions variables
collection FRAC Bourgogne

Avec Mer de Chine la diapositive, prise des falaises en bordure de Méditerrannée, se projette sur le miroir posé au fond d'un bassin rempli d'eau. L'image renvoyée sur le mur est troublée par l'apparition des ombres chinoises des poissons rouges nageant au-dessus du miroir.

Alain Fleischer combine entre-eux plusieurs dispositifs afin d'obtenir une projection jouant sur l'illusion. L'oeuvre naît du détournement d'un procédé de projection diapositive.

Plongée dans une obscurité voisine de la chambre noire, l'installation s'apparente aux premières lanternes magiques projetant les images chaotiques des débuts du cinématographe.
La fascination née de ce bougé impromptu met en scène des traces de flou sur une image fixe. Alain Fleischer opère une manipulation de la lumière où la possible représentation de la projection d'un film évolue sans véritablement gommer l'image directement lisible.

«Le projet de départ était d'avoir différentes identités plus ou moins secrètes sans que j'ai besoin de reconnaissance par rapport à elles. J'aimais savoir que je pouvais faire de la photo, faire du cinéma, que je pouvais écrire. C'est une façon d'échapper à la spécialisation à travers une identité qui démultiplie. Si on parvient à être reconnu comme photographe par les photographes, comme cinéaste par les cinéastes, cela permet de pousser pus loin le jeu. En fait mon rapport avec les pratiques est un rapport à l'identité, à l'illusion de l'identité.»

Le miroir est l'outil indispensable de la représentation.
Il trouvait sa place dans chaque atelier, tout comme les vases, mannequins et modèles divers du peintre. Utilisé pour contrôler la justesse de la pratique picturale, il est conseillé par Léonard de Vinci. Il permet alors de corriger les erreurs de composition, permettant à la peinture de remplir son rôle de mimesis, dans un rendu aussi fidèle à l'objet, que le double du miroir.
Sa représentation même dans le tableau renvoie à une mise en abîme de la représentation et de la réalité. Une réflexion sur la réflexion ou une représentation de la représentation. Exercice ultime, témoin de la difficulté de l'exercice de représentation mais plus encore de la réalité de l'existence.

- l'installation
- la conjugaison d'éléments inhérents à un domaine spécifique 
(la photographie : bac photo, eau, miroir...)
- le reflet
- la création de l'illusion

S.P.A. - Société des Promeneurs Artistiques, Annales