WIM DELVOYE

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Né en 1956 à Wervik (Belgique)

Artiste belge, Wim Delvoye suit les cours de l'école des Beaux-Arts de Gand en Belgique d'où il se fait renvoyer la dernière année pour cause de bagarre. Il y fait d'ailleurs réaliser une partie de son travail par ses collègues étudiants, convaincu qu'une oeuvre, artistique ou autre, est toujours issue d'un mélange.



Oeuvre : Bétonneuse, 1991 bois teck couleur rouge 186 x 181 x 145 cm Collection FRAC Lorraine


 


 

OUTIL / GESTE

Il s'agit de reproduire à l'échelle un objet issu de l'univers industriel. Pour ce faire, et dans une logique de dénonciation, l'artiste a conçu l'objet mais l'a fait réaliser par des artisans asiatiques.



SUPPORT / MATIERE

L'objet en bois (teck) sculpté par des artisans étrangers est recouvert d'ornementations rustiques imitant le style baroque flamand.



 DE L'OBJET À L'ICÔNE

Delvoye parle d'émulsion et non pas de mélange pour définir son travail (les ingrédients conservent leur qualité propre). Il se sert d'images déjà existantes et cherche à ouvrir un espace pour la signification. Ainsi ces buts de football qu'il réalise en porcelaine ont des allures de vitraux et servent à souligner le caractère quasi religieux du football. Mais Delvoye fait aussi coexister les objets industriels et la pratique artisanale dans le but de renvoyer dos à dos des valeurs qu'apparemment tout oppose. Il est vrai que dans l'avant garde on est amené à se demander pourquoi utiliser des matériaux qui exigent des mains et du temps. Mais à l'origine de ses pièces, il y a aussi l'univers populaire dont il se sert pour ressourcer un art perdu. De plus, le basculement de l'oeuvre à l'icône représente un pôle d'intérêt capital pour l'artiste. Aprés tout, le Manneken Pis ou la statue de la liberté font partie intégrante de l'histoire des oeuvres élevées au rang d'authentiques icônes. Delvoye privilégie donc l'image forte d'une oeuvre qui n'a d'ailleurs pas forcément à voir avec une quelconque qualité artistique. Peut-on dire de Bartholdi qu'il est un artiste extraordinaire? Wim Delvoye aime d'ailleurs à le préciser : "Si la statue de la liberté est devenue un symbole c'est parce qu'elle est géante"



SYMBOLE DETOURNE

Delvoye se veut donc un artiste du message et une autre de ses préoccupations se révèle être l'impuissance à communiquer. Avec la bétonneuse en bois il se confronte à la difficulté de faire passer un message élevé à travers un objet banal. En associant cet objet ordinairement en métal à une technique artisanale du bois sculpté, Delvoye joue sur plusieurs registres à la fois. D'une part il dénonce le goût douteux de ces concitoyens en chargeant la bétonneuse d'ornementations et en lui donnant cet aspect clinquant et vernis. D'autre part il met à l'index les circuits de fabrication industriels des objets pseudo-artisanaux. Afin de respecter cette logique, l'artiste a laissé la fabrication de l'oeuvre à l'initiative d' artisans indonésiens. A l'heure de la mondialisation "l'objet" de Delvoye semble être une allégorie du mélange pluriculturel où tout se croise, tout se transforme, mettant de ce fait en péril la notion d'identité stable. Nous sommes bel et bien dans une bétonneuse!



 DEVELOPPEMENTS POSSIBLES

- détournement de l'objet symbole
- réalisation artisanale (à l'ancienne) d'un objet contemporain
- parodie du mauvais goût
- le kitsch


 

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

- Wim Delvoye, Limoges - Craft, Rochechouart - Musée Départemental, 1995
- L'art en Belgique depuis 1980, Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts 
de Belgique, 1993