Tony CRAGG

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Né en 1949 à Liverpool (GB)
Vit à Wuppertal (Allemagne)

Tony Cragg s'inscrit dans la mouvance de la Nouvelle Sculpture Anglaise qui s'est développée au milieu des années 80. David Mach, Bill Woodrow mais aussi des français tel Jean-Luc Vilmouth ont participé à ce mouvement. Il s'agit pour ces artistes, d'utiliser des objets de la vie quotidienne comme matériaux de base de leur sculpture.
Le but avoué de Tony Cragg est d'aller "au-delà de l'objet ou de la matière, de les décoder."



Oeuvre : Palette, 1985
Objets en plastique bleu, jaune, rouge
162 x 180 cm
collection FRAC Bourgogne


 



 OUTIL / GESTE

L'acte premier de Tony Cragg consiste à récupérer divers objets et détritus qui serviront comme autant d'éléments de recyclage à l'élaboration de ses oeuvres. Ses collectes le conduisent à imaginer puis à installer diverses compositions figuratives colorées. Qu'elles soient murales ou posées au sol, ses oeuvres cherchent à questionner le spectateur sur son rapport aux objets.



SUPPORT / MATIERE

Symbole vulgaire de la société de consommation, la matière plastique semble être le matériau de prédilection de Tony Cragg. Qu'il soit objet intact ou débris d'origine inconnue seule importe la matière en tant qu'élément constitutif d'un tout.



FAIRE AVEC DU RIEN

Récupérateur habile, Tony Cragg a su s'imposer en tant que véritable sculpteur. Sa démarche de travail obéit à une organisation cohérente et systématique. Après la phase de récupération suit celle de sélection. Le tri des objets se fait ensuite en fonction de leur constitution et de leur couleur.
De la décharge au lieu d'exposition, prédomine l'idée de «faire avec du rien.» Tony Cragg exhume ainsi objets et conventions et pose un nouveau regard sur notre civilisation :
« J'essaie de trouver un moyen de réévaluer l'objet d'une manière qui nous permette réellement de comprendre ce que nous produisons et pourquoi nous le produisons».



L'OBJET :
DE LA FRAGMENTATION A LA FIGURATION

Tony Cragg met en place des compositions fragmentées. L'artiste s'inspire ainsi du mouvement perpétuel de la société de consommation qui produit, consomme, jette et recycle les objets. La Nouvelle Sculpture Anglaise a fait apparaître de nombreux artistes qui ont gardé cette ligne de conduite (David Mach, Bill Woodrow,...). Mais c'est Antony Caro qui demeure le véritable initiateur de cette démarche qui consiste à récupérer pour recomposer. La réappropriation de fragments et de déchets conduit à une nouvelle élaboration, une nouvelle figuration. Autant d'éléments éclatés, brisés, fragmentés peuvent néanmoins retrouver corps à travers une intention artistique. Rien ne se crée, tout se transforme pourrait être la devise de Tony Cragg. Mais au-delà de cette notion culmine une sorte d'allégorie : installer les objets/débris de Tony Cragg dans un musée, convient à dire que seule prédomine l'idée de régénération. Une fois utilisés, les objets manufacturés se décomposent ou se «démolécularisent» à travers le recyclage. La nature ou l'industrie se charge alors de recombiner ces morceaux d'objets, ces" molécules", en de nouveaux produits.
L'artiste a choisi de s'immiscer dans cette brèche, entre nature et culture, afin de souligner à sa façon un schéma implacable et récurrent : "Ainsi les débris de la civilisation se déposent en couches successives créant le terrain fertile sur lequel germera le futur".
Particule éclatée ou forme hautement élaborée, la Palette de Tony Cragg semble ainsi témoigner de toutes les métamorphoses successives de l'objet qui se rematérialisent à l'infini.



 DEVELOPPEMENTS POSSIBLES

- L'archéologie urbaine ou le principe de récupération
- L'utilisation et la sélection de l'objet trouvé
- Le principe d'accumulation
- La composition figurative à partir de l'objet/débris
- Récupérer pour recomposer




BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

- G.Celant, J.H. Martin, Tony Cragg, Kunsthalle, Bâle, 1983
- A. Pohlen, Tony Cragg, Palais des Beaux Arts, Bruxelles, 1985
- Tony Cragg, Tate Gallery, Londres, 1989
- T. MacEvilley, J. Lageira, Tony Cragg, CAC de Kerguéhennec et musées de Locminé, 1992