Né en 1948 à Genève ( Suisse)
Vit à Genève

Artiste suisse, Armleder s'engage très tôt dans une production extrêmement polymorphe: dessin, peinture, performance, vidéo, enseignement,etc. En 1969 il fonde le groupe ECART (activités alternatives entre 1969 et 1980) avec lequel il réalise de nombreuses actions proches de FLUXUS ( nom donné en 1961 par G. Maciunas à un courant qui affirme selon le principe dadaÏste que «tout est art»). A partir de 1980 il réalise des toiles d'inspiration très formaliste, et des peintures d'ameublement.

Il s'agit d'un assemblage. L'artiste joue sur la connivence de la peinture et de l'objet. En même temps il révèle une dichotomie entre le monde concret (l'objet) et le monde abstrait (monochrome).

Deux têtes de lit (en bois et velours) de couleurs différentes, s'opposent de chaque côté d'un monochrome blanc (huile sur toile).

John Armleder se dit peintre avant tout, ce qui ne l'empêche pas de toucher à tout et d'inscrire son travail dans une logique post-moderniste (pour les post-modernistes l'originalité de l'oeuvre devient sans importance : ils s'approprient les images du monde moderne et les oeuvres des artistes qui les ont précédés ). Il reprend donc les emblèmes de la modernité (ready made : objet standard porté à la dignité d'oeuvre d'art) et se réapproprie l'abstraction car "c'est une donnée fondamentale de la peinture de ce siècle". Puis il installe des tabourets, des tables, des canapés qui voisinent avec des toiles géométriques monochromes pour la plupart.
"L'absence totale de message et de portée théorique de mon oeuvre privilégie mon attitude envers celle-ci, à un tel point que la question se pose de déceler un glissement qui déclare l'attitude comme objet." Le travail de John Armleder introduit aussi une part de citation et de parodie de l'art abstrait géométrique.

Armleder présente ici ce que l'on peut nommer un "meuble assemblé" qui constitue l'accompagnement ou le support d'une peinture géométrique ou d'un monochrome comme c'est le cas pour F.S.n°233. Ce type d'arrangement reçoit toujours la dénomination F.S. suivie d'un numéro. Ces initiales sibyllines déterminent selon lui le mode de définition de ses oeuvres ( F.S. =Furniture Sculpture). Pour ce qui est du tableau à proprement parlé Armleder s'allie ici avec un art radical qu'il cherche à perpétuer. Ce degré zéro de l'écriture picturale est symptomatique du XXe siècle. Mais l'essence même de son travail se situe davantage au niveau des objets qui entrent en concurrence avec la toile. Cette dernière joue le rôle d'un confortable arrière-plan pour les objets. Les deux têtes de lit rouge et verte s'imposent en guise de cadre qu'il manque à la toile. C'est alors que l'on se met à imaginer l'itinéraire de ces deux objets récupérés ou trouvés sans doute dans une boutique d'occasions. Sortis de leur histoire économique ils se retrouvent précipités dans une faille ou un espace imprévu qui désagrège leur logique formelle. Deux forces sont alors ici en jeu, la révolte des objets et la persistance d'un symbole.

- intégration de l'objet dans la peinture
- polyptyque
- citation au travers de l'oeuvre
- opposition abstrait/concret

- Armleder, Kunstmuseum, Bâle, 1980
- Armleder, Kunstmuseum, Winterthur, 1987
- J.P. Money, Armleder, Musée de Grenoble, 1987
- S. Pagé, Armleder, Musée des Beaux Arts, Nantes, 1988
- C. Goerg, C. Ritschard, John Armleder - Furniture Sculpture 1980 -1990, Musée Rath, Genève, 1990