Good vibrations

Au domaine de Mercy, où s’est installé récemment le CHR de Metz-Thionville, un nouveau plan d’occupation des sols sépare l’ancien château et son escalier d’honneur de la zone de l’hôpital. Dans ce contexte, le château est privé, l’escalier public.
" Pour la nuit blanche je propose d’investir le palier de cet escalier resté désœuvré, repris par la nature, ronces et sycomores et de créer à partir de lui, en faisant le tour des arbustes, un écrin d’ondes. Il s’agit de mettre en place un bassin provisoire comme un petit lac et des îles. Ce dispositif est constitué de panneaux et planches de chantier, autour d’un sol recouvert d’une bâche en polyane noir. Une structure de scène placée au-dessus soutient un écran au lointain et un système d’éclairage à l’avant.
L’eau retenue par le polyane noir vient définir un miroir d’eau éclairé par les projecteurs orientés vers le bas, qui réfléchiront sur l’écran les mouvements de la surface. L’installation fait apparaître un bassin où l’on pourra, comme le veut la tradition, faire un vœu en y jetant une pièce qui animera l’eau d’une onde redessinée par la lumière. L’écran devient le capteur des jeux de reflets sur cette surface instable.
Nous venons à l’Hôpital avec le désir de guérir pour soi ou pour un proche. Ici nous accomplissons un geste de superstition païenne. Mais scientifiquement une onde est un mouvement collectif qui naît du lien existant entre les particules qui la forment. Si l’on bouge une particule liée aux autres, son mouvement va entraîner celui des particules proches, et ainsi de suite... La perturbation se propage et le mouvement collectif en résultant est appelé une onde. La perturbation est un système de l’art ; elle résonne ici, par la succession des événements, comme une métaphore de la chaîne de solidarité qui réunit dans la médecine tous les corps de métiers, du chercheur au soignant. L’hopital tient l’origine de son nom de la maison des pèlerins, située à la limite de la ville. Une lumière y reste allumée, dernière station du Métis. L’escalier de Mercy sera comme un satellite dans la nuit, lien de nos consciences à nos inconsciences. Balise luminescente dans la nuit blanche". Fabien Lerat, avril 2013.