Yoshio
Shirakawa est né en 1948 à Tobata (Kita-kyushu). Il vit
à Maebashi (Gumma).
Durant les années 1970-1980, Yoshio Shirakawa a séjourné
plus d'une dizaine d'années en Europe (à Strasbourg, Paris
et surtout Düsseldorf). Il s'est familiarisé avec l'art
contemporain occidental et notamment avec l'art conceptuel. Ses expériences
lui ont alors également permis de "redécouvrir son
origine et la trace de l'art d'avant-garde japonais". "Ce
que je vise dans mon travail, ce n'est pas moi mais le monde qui m'entoure
- autrui, la nature, les coutumes, la langue... - et je veux observer
attentivement l'influence qu'ils exercent sur moi. Cependant, pour ce
faire, j'ai pensé un peu simplement qu'il n'y avait que le lieu
où je suis né"
Dans ses installations récentes, où il intègre
des "objets" issus du patrimoine, de la tradition artisanale,
les histoires personnelles, la mémoire individuelle, se confondent
avec l'Histoire et la mémoire collective.
Le souvenir de l'été
Avec des symboles traditionnels de l'été au Japon (bambou,
éventails, sigle du marchand de pains de glace...), Yoshio Shirakawa
évoque la journée estivale du 15 août 1945 (qu'il
n'a pas vécu) et le souvenir personnel des avions américains
passant au-dessus de Tobata pour aller bombarder la Corée pendant
la guerre de Corée.
Le Zero Sen (figure de l'avion reproduite dans cette installation) était
considéré comme l'un des meilleurs avions de chasse de
l'époque et symbolisait par là-même la puissance
japonaise.
Au-delà de la mémoire personnelle, on peut imaginer la
vague qui bouleversa la société japonaise après
Hiroshima et Nagasaki.
La Madone idéalisée
A la fin de la guerre du Pacifique, les Américains larguent sur
le Japon des tracts en japonais, anglais et français. L'élément
central, broderie rouge, reprend l'image et les termes exacts de ces
tracts.
Les trois broderies numériques ont été réalisées
dans la région de Gumma où l'industrie textile était
florissante avant les années 1970 ; elles reprennent des images
de la propangande japonaise, figures et symboles de la place et du rôle
de la femme durant la seconde guerre mondiale.
La force de la musique
Les partitions brodées sur la soie de Gumma reproduisent les
premières notes de l'hymne japonais / de 2 chansons traditionnelles
/ d'une chanson populaire / de l'hymne de la province de Gumma
Ces mélodies étaient chantées par les soldats partant
au front. Parmi eux, le père de Yoshio Shirakawa, blessé
durant la guerre de Chine et photographié ici.
Paysage d'enfance
Dans son enfance, Yoshio Shirakawa se promenait sur les bords de la
baie de Dokaï. Au large, il voyait les croiseurs japonais vaincus.
Trois navires ont en effet été réutisés
comme matériaux de construction, coulés dans le béton
pour former de la digue protégeant le port.
Le rêve de Sachiko
Ensemble comprenant les 3 photos en N/B, les 12 peintures et la robe.
L'histoire familiale, personnelle de Yoshio Shirakawa est étroitement
liée au monde de la couture et s'il a passé son enfance
dans la province de Kita-kyushu, il vit aujourd'hui à Maebashi,
grand centre de la couture au Japon.
Les photos reproduites sur les toiles ont été réalisées
dans les années 1950/1960 à l'école de couture
de Maesbashi ; les dessins évoquent les modèles de couture
et prêt à porter de ces mêmes années.
La robe est une épreuve d'école réalisée
par les apprenties couturières.
Quant aux photos, elles évoquent aussi le déclin économique
des espaces commerciaux au centre de Maebashi au Japon, le déclin
de la puissance japonaise.
Loin
de la mode des mangas et des Pokémon, des dessins animés
et de la BD, Yoshio Shirakawa nous livre une part de son histoire personnelle
et nous invite à découvrir une page de l'histoire de son
pays, une page d'Histoire.
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