Marie France UZAC


 Bivouac


"une exposition, c'est un lieu de vie mais on peut y jouer à être moins sérieux, plus versatile, plus indéterminé qu'à l'ordinaire. Comme en camping les tâches quotidiennes semblent renouvelées et donnent le sentiment d'être une parodie. La moindre vaisselle ressemble à une dinette et on redécouvre le délice enfantin de vivre sans réelle responsabilité. Les joies retrouvent une place favorable. Le léger et le kit nous rendent un peu d'apesanteur. Alors on peut rêver et engendrer du fantasme - être virtuose sans instrument - être beau sans miroir - fumer ou ne pas fumer - oublier de fumer. On peut éluder ce qui nous encombre et recourir au plaisir secret d'être son propre point d'ancrage. Puisqu'on est déplacé ailleurs, et qu'au lieu de vaquer on explore. Pourvu que le temps s'y prête."


à Marie France Uzac

Les objets s’épuisent. La main, absente, le corps farouchement retardé. La main est blanche, comme on dit d’une voix. Les objets vérifient leur assise. L’assassin n’est peut-être pas loin, il ne leur a pas laissé de quoi se tenir. Les objets intimes, solitaires, sont aussi des signes de l'amour. Dans leur chute, ils ordonnent nos fantasmes. Leur performance est corporelle. Et c’est dans le silence, le buste serré, qu’oscille un garçonnet, devant l’écran comme un intrus, comme une obsession, lentement réveillé. Au bord de l’émail, muet. Au bord du cri.

Pierre Giquel