> 27 octobre - 16 decembre 2000

Nombre d'artistes contemporains, se préoccupent du corps et de sa place dans le monde. L'exposition précédente Garde-Robe permettait au visiteur de découvrir des oeuvres traitant du vêtement comme "revêtement du corps". Avec Emois d'automne Faux Mouvement proposait une approche plus intime du corps qui lentement se dévoile. Les rapports intimesy étaient suggérés par l'image, l'objet ou le mot mais jamais de manière pornographique ou vulgaire. C'est bien d'amour dont il s'agissait, amour passionnel, obsessionnel parfois, où érotisme, sensualité mais également humour et fiction étaient à l'évidence les maîtres du jeu. Chacun à sa manière, Gérard Collin-Thiébaut, Jean Da Silva, Marie-Ange Guilleminot, Bernard Lallemand, Ghislaine Portalis et Didier Trenet nous incitaient à interroger notre comportement amoureux.

Les objets, objets d'art, objets-dard, prothèses de Bernard Lallemand se situent entre "sculptures et sextoys" ; ils ne servent pas comme il semble au premier abord à des prescriptions médicales mais seraient "destinés à accomplir d'obscures activités" du corps. Réalisés en bandes de papier granuleux peint en rose dragée, les "objets", "trophées" de Ghislaine Portalis, "objets de fantasme ou de désir, suggestions visuelles et plastiques", empruntent leurs formes au vocabulaire de l'anatomie humaine, de l'érotisme. Les obsessions artistiques de Jean Da Silva, la "hantise du lisse" ou quelques obsessions plus spécifiquement fétichistes" ne sont à ses yeux guère personnelles et seraient même banales si l'on considère les devantures des kiosques. Dans un geste compulsif et régulier, voire obsessionnel, Marie-Ange Guilleminot palpe des objets tactiles informes, sorte de poupées sans visage, jusqu'à leur trouver un volume, un "corps". Les Tableaux de Caractères de Gérard Collin-Thiébaut se livrent à l'énonciation d'un commerce charnel dont l'obscénité se manifeste avec élégance dans les entrelacs de la forme ; le visiteur est invité à déchiffrer ces messages opacifiés et à découvrir brutalement d'impératives formules. Didier Trenet s'est lui approprié le registre du XVIIIè siècle, la verve de Sade, l'intimité gracieuse et avenante des dessins de Watteau, Boucher ou Fragonard ; le temps de cette manifestation c'est pourtant du Japon qu'il nous a envoyé régulièrement ses dessins et nous avons pu constater que son registre d'images s'y est étendu.