> 7 juillet - 30 septembre 2000



 

Après l'objet, l'eau et le paysage, thématiques développées dans les manifestations des étés précédents, Faux Mouvement propose cette année une exposition sur le thème du vêtement.
Les oeuvres ont été choisies à la Galerie Anton Weller et dans des collections publiques - Fonds Régionaux d'Art Contemporains d'Alsace, de Bourgogne, de Champagne-Ardenne, de Franche-Comté et Fonds National d'Art Contemporain
Olga Boldyreff et Jean-Jacques Dumont ont réalisé une installation spécifique pour cette exposition.

"Le corps n'a jamais cessé de s'exposer. Seuls les modes de représentations liés à son image socio-culturelle varient. Les artistes des années 70 travaillaient directement sur le corps, le triturant et le malmenant parfois. Ceux des années 90 expriment une perception autre : c'est l'enveloppe qui est objet d'investigation. Ainsi travesti, déguisé, paré de différentes strates de vêtements ou de maquillage, le corps disparaît sous le revêtement, et avec lui l'affirmation du sujet. S'installe alors la fragilité d'une identité précaire". Clarisse Hahn

Durant tout l'été 2000 Faux Mouvement a ouvert sa Garde-Robe, mais il ne s'agissait pas d'un défilé de haute couture, ni d'une présentation de vêtements dessinés par des artistes, ni de réalisations de plasticiens au service de la mode. Cette exposition a dévoilé quelques-unes des utilisations et interprétations du vêtement par des artistes aujourd'hui.

De nombreuses robes étaient présentées dans cette garde-robe. Face à l'entrée, une robe de géant interpellait le visiteur ; cette oeuvre de Beverly Semmes interroge la relation du féminin à une nature apprivoisée ou indomptée, accueillante ou repoussante. C'est dans une longue robe rouge crochetée par elle-même que Christelle Familiari attend les suçons des visiteurs ; quant aux robes aux tons pastels de Wiebke Siem, elles ont été moulées en mousse à partir du propre corps de l'artiste puis adaptées selon une stricte conformité esthétique. La robe de Philip Huyghe, comme ses autres vêtements en plastique moulé, est elle composée de deux fragments qui ne pourront jamais s'ajuster pour ne faire qu'un. Les silhouettes de tissu de l'installation murale de Franz-Erhard Walther suscitent chez le spectateur un rapport évident avec son propre corps. Quant à Eran Schaerf, il met l'accent sur l'importance du vêtement comme tissage, comme maillage culturel face à l'exil volontaire ou involontaire et il présente la mode vestimentaire comme un facteur privilégié de l'intégration. Les photos de Natacha Lesueur font elles référence aux modèles de la mode et de l'industrie des produits de luxe ou aux catalogues de prêt à porter.
Loin de la mode, les "gilets pare-balle", sculptures en cire colorée de
Michel Aubry reprennent des formes de patrons originaux de gilets provenant de l'ex URSS, Erwin Wurm étire pulls, pantalon et autres vêtements qui deviennent sculptures, tandis que, passant d'un clou à l'autre ses cordelettes "tricotinées", Olga Boldyreff crée sur le mur des "dessins de fil", silhouettes de chapeau, chaussures, gilet... sorties de nos souvenirs d'enfance.
Pour terminer la visite,
Marie-France Uzac ouvrait son armoire à linge, lieu très intime et personnel que l'on ne dévoile jamais en totalité et Jean-Jacques Dumont, inspiré par les chemises et le torchon de Patrick le patron de bar, invitait le visiteur à repartir avec un torchon rouge à carreaux sur le bras.