BERTHOLIN

> 12 février - 10 avril 1999



 

Aujourd'hui, quatre rue du Change

A intervalles irréguliers, les CHOSES, ou deux cent quatre vingt huit d'entre elles, comme c'est le cas aujourd'hui, sont rassemblées avec soin pour être données à voir. Elles sont tirées de leur nuit pour une nouvelle mise à jour.
Ainsi, elles vont pouvoir se déployer et envahir l'espace qui leur est offert durant cette halte, chacune d'entre elles étant posée à sa juste place pour édifier des combinaisons chaque fois renouvelées.
Durant cette station éphémère, avant d'autres pérégrinations, les choses vont vivre cet événement unique en ce lieu.
Aujourd'hui, et durant cinquante huit jours, les CHOSES sont à Faux Mouvement à Metz, au soir du 10 avril, elles retourneront à leur point d'attache, où elles seront de nouveau en réserve dans l'attente d'une nouvelle destination.
Après cette pause, il ne me restera plus qu'à reprendre cette activité précaire, sans cesse menacée, toujours au bord du désastre, là où je l'avais arrêtée. Mais cette tâche je ne peux la continuer qu'avec difficulté sachant qu'il me faudra inlassablement façonner de nouvelles pièces qui iront rejoindre leurs aînées pour y être accueillies.
Sans doute, je l'avoue, face à la souffrance et à la mort, il est vain de persister à servir ce qui ne sert apparemment à rien. Pourtant je ne peux que poursuivre sachant obscurément que je ne suis là que pour cela : faire cette CHOSE, toujours la même, comme pour me permettre d'occuper le temps qui m'est imparti dans la seule compagnie des choses.


Bertholin, février 1999

Bertholin fabrique des "choses" "des choses qui seraient une sorte de récipient où il y aurait quelque chose de l'histoire des hommes et de moi-même". Celles-ci semblent provenir d'une fouille archéologique dans un pays mythique et onirique. Les "stèles" installées dans l'espace rappellent quant à elles quelque cimetière imaginaire ou vestiges d'une cité engloutie. "Ses objets ne sont ni icônes, ni symboles, ni emblèmes, ni attributs, ils sont des signaux qui doivent se signifier eux-mêmes, ils sont une trace anonyme dont la multiplication sérielle mais cependant différenciée, balise une voie perdue".

Bertholin fabrique, modèle ses formes, retrouve des gestes et des forces primitifs et essentiels. La matière est ambigüe : bois ? pierre ? bronze ? Ce qui semble lourd, massif, inusable est en réalité léger et provisoire, fait de papier, de carton mouillé, malaxé, collé, façonné et brulé. "La fascination émanante des objets bertholinesques nous oblige à les saisir et à transgresser ainsi le statut de sacralisation de l'oeuvre d'art qui comme chacun le sait, est à regarder et à ne pas toucher".