Le projet de l'exposition "Mémoires
du Change" avait amené un certain nombre d'artistes
à suivre de manière très directe les travaux
réalisés dans le nouvel espace Faux Mouvement,
c'est à dire la métamorphose d'un studio de télévision
en un lieu pour l'art contemporain, et de proposer à partir
de cette expérience une oeuvre personnelle.
Les contraintes d'une exposition forcément collective
n'avaient alors pas permis à Arnaud Stinès de présenter
l'intégralité de ses réalisations. Le choix
qui était le sien de travailler avec des images projetées
n'était pas d'ailleurs sans poser certains problèmes
techniques dans la confrontation avec les pièces d'autres
artistes exigeant elles non pas l'obscurité mais au contraire
un éclairage intense. Il nous a paru important que ce
travail puisse être exploité plus au fond dans une
exposition personnelle qui seule pouvait lui donner toute sa
dimension.
Arnaud Stinès, photographe de formation, ne pratique pas
ici la photographie reportage ou documentaire : durant le premier
semestre 1997, il a photographié l'ancien local FR3 et
sa lente destruction en cherchant la trace d'enduit sur le mur,
la griffure, le signe fortuit, l'apparition d'un geste, la coulure.
Ses images ne sont pas celles d'un lieu en transformation : elles
se montrent peintures par la couleur, le grand format. Les projections
à l'échelle du mur de détails parfois minuscules
évoquent singulièrement Rothko, Barnett Newmann,
Yves Klein...
La projection en grand format désoriente le spectateur
entrant dans un espace clos où lui même devient
acteur par le jeu des projections qui intègrent en silhouette
sa propre image à l'exposition, interférant dans
l'univers passé-présent de ce lieu. Les matières
et traces virtuelles qui recouvrent les murs transportent dans
un endroit différent, en quelque sorte à mi-chemin
entre l'ancien et le nouveau.
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