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Légender des lieux, c'est ce que Jean-Marie Krauth déclare faire et aimer. Doit-on y voir une disposition comparable à celle attribuée aux bergers et aux mages qui, aux étoiles donnèrent un nom et aux constellations leur contour ? Observons-le choisir son territoire, arpenter longuement le sol, en examiner chacune de ses limites ; le voici qui dispose, ici et là, très minutieusement quelques menus fragments, comme s'il cherchait à attirer notre vigilance sur ce que le lieu pourrait avoir d'irremplaçable. Les préambules d'un dialogue sont établis, les objets et l'espace prêt à se répondre, en attente d'un baptême du regard, de discours aussi" (Claude Rossignol). Discrètes, ses interventions sur et dans l'espace d'exposition, transforment celui-ci en un lieu émotionnel. Ici, cinq mots en plomb "dialoguent" dans l'espace, lieu d'un conciliabule le temps d'une exposition. Témoin mais aussi acteur, le spectateur est invité à construire sa propre histoire, sa propre "légende" incluant Silence, Dieu, Désir, Mickey, Rio. Huit châssis de polaroïd questionnent le regard et sont prêts à recevoir les photos imaginaires qui viendront compléter le conte. Paradoxalement, Jean-Marie Krauth qui note à propos de son travail "des expositions plus que des sculptures", a peu exposé ces dernières années. Remarqué au début des des années 80 par nombre de musées, centre d'art ou galeries, il est alors largement présenté en France et à l'étranger. Directeur de l'Ecole des Arts Décoratifs de Stasbourg de 1989 à 1992, il fait passer au second plan ses propres activités artistiques et recherches artistiques. L'exposition à Faux Mouvement marque en quelque sorte, son retour sur la scène artistique. A l'occasion de cette manifestation, Faux Mouvement publie la première monographie de Jean-Marie Krauth, Lieux qui retrace son parcours de 1980 à 1993. |
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